Retour sur le Mini Fastnet, qui s’est terminé vendredi matin aux aurores par une très belle quatrième place pour le duo Nicolas d'Estais – Clément Bouyssou sur le proto 630 - Lenger.fr, de retour à Douarnenez après plus de 4 jours et demie de course.
Arriver au pied du podium pour ta première course avec ton proto, tu dois être super content?
Oui évidemment ! C’est sûr que je ne pensais pas aussi bien marcher au départ. Non seulement il s’agissait de ma première course avec le bateau mais en plus je n’avais jamais passé autant de temps en mer d’un seul coup. C’est déjà génial d’avoir pu naviguer au contact avec d’autres prototypes aguerris. Pour une première, arriver si bien placés à l’arrivée avec seulement 20 minutes de retard sur le troisième, c’est la cerise sur le gâteau. C’est très encourageant pour la suite.
Quelles sont les raisons de ce résultat ?
Notre tandem avec Clément a très bien marché. Son expérience acquise les quatre dernières saisons en mini de série nous a été très utile pour aller vite avec le bateau. Il faudra encore du temps pour apprendre à utiliser le bateau à 100% de ses capacités mais sur cette première course nous n’avions pas de déficit de vitesse face à nos concurrents directs, ce qui est très encourageant.
Je crois également qu’on a su rester particulièrement motivés et concentrés sur l’objectif lors des moments difficiles. Par exemple, on a perdu le système NKE (qui permet de recevoir les informations telles que la vitesse du bateau et la direction et force du vent) dès la première nuit. On dû faire toute la course sans cette aide et surtout sans pilote automatique, ce qui nous a rudement pénalisés sur certains bords, surtout la nuit. Malgré cela on réussi à batailler et arriver en tête de notre peloton.
Gardes tu des souvenirs en particulier ?
Deux moments de la course resteront particulièrement gravés dans ma mémoire. Le premier c’est le départ. Nous sommes arrivés en tête de la flotte à Basse Vieille, la première marque de parcours. Nous savions que c’était juste le début de la course et qu’il ne fallait pas s’enflammer (d’ailleurs nous nous sommes vite fait reprendre !) mais c’était une belle revanche pour moi après mon abandon en avril sur la Lorient BSM à la suite d’un abordage qui était survenu juste après le départ, avant même la bouée de dégagement.
Le deuxième épisode qui m’a marqué s’est déroulé juste avant le phare du Fastnet. A l’arrivée en Irlande, au niveau des rochers de Stags, le vent était très faible et avec les concurrents 679 et 667 nous nous tenions en moins de 3 milles. Pendant la nuit, le vent est complètement tombé et nous avons commencé à reculer. Nos deux concurrents ont jeté l’ancre pour se reposer en attendant la renverse de courant quelques heures plus tard mais avec Clément nous avons préféré nous battre pour essayer d’avancer. Cela n’a pas été payant au début mais peu après nous avons touché un tout petit peu de vent, ce qui nous a permis d’avancer dans la bonne direction. Nous sommes passés à quelques mètres du 667 puis du 679 qui étaient toujours à l’ancre et qui dormaient à l’intérieur. On est passé si près qu’on a même fait attention à faire le moins de bruit possible pour ne pas les réveiller ! Cette petite opération nous a permis de doubler les deux bateaux juste avant le passage du phare du Fastnet. Ils ne sont jamais revenus sur nous.
Quels enseignements tires tu de cette course ?
Naviguer sur une des courses les plus longues du circuit mini en double avec Clément m’a beaucoup apporté sur deux volets. Le premier c’est sur la gestion de la course : l’importance du sommeil par exemple. Même si les réveils des siestes de 20 minutes que nous nous octroyons le plus souvent sont très difficiles, nous ne nous sommes jamais sur-fatigués ce qui nous a permis de rester très lucides tout le long du parcours et de prendre les décisions (en terme de choix de voile ou de trajectoire) dans de bonnes conditions.
Le deuxième volet c’est la connaissance du bateau. J’ai très peu d’expérience sur mon proto. Se mesurer à la concurrence permet d’apprendre à utiliser son bateau au maximum de ses capacités, car on voit tout de suite quand le bateau n’est pas bien réglé. En plus de cela, lors des manœuvres avec Clément (comme par exemple les changements de voile), l’un de nous deux prend la barre tandis que l’autre réalise la manœuvre en solitaire. Dans les deux cas (à la manœuvre ou en observant Clément) cela relève quasiment du cours particulier!
Quel est ton programme pour la suite ?
Le bateau n’avait pas été « poussé » depuis longtemps, il y a donc un peu remise en état à faire. Après cela, convoyer le bateau vers Lorient puis commencer les entraînements en solitaire. Je souhaite m’élancer au mois d’août sur le parcours de qualification hors course de 1000 milles nautiques à réaliser pour pouvoir s’inscrire à la Mini Transat 2015, qui est mon objectif final.
Mini Fastnet 2014 – Classement Prototype
1) 754 EPC - REVES DE CLOWN Damien AUDRAIN / Pierre BRASSEUR en en 4j12:50:30
2) 753 WILD SIDE Luke BERRY / Pierre DENJEAN en 4j13:19:59
3) 814 CHOCOLATS PARIES - SYGESPRO Jean-Baptiste DARAMY / Pierre-François DARGNIES en 4j13:53:35
4) 630 LENGER.FR Nicolas d'ESTAIS / Clément BOUYSSOU en 4j14:14:34
5) 667 MICROVITAE Ludovic MECHIN / Alan ROURA en 4j14:37:13
6) 865 CULTISOL Davy BEAUDART / David RAISON en 4j14:39:02
7) 679 SURFRIDER FOUNDATION EUROPE Vincent GRISON / Estelle GRECK en 4j15:23:42
8) 719 A2J COMPOSITES Jérôme JARLANG / Maxime SALLE en 4j16:31:27
9) 866 ENTREPRISE(S) INNOVANTE(S) Ian LIPINSKI / Charlie PINOT en 4j16:56:33
10) 491 MARCEL FOR EVER Robin MARAIS / Nathalie DEVOUGE en 4j17:23:40
11) 741 AH2O Nikki CURWEN / Myles PERRIN en 4j17:55:35
12) 196 REALITY Jean-Christophe ALLO / Diane DHOME en 4j22:18:03
13) 254 MINI SKIRT Alan PEYAUD / Frédéric GOURLAOUEN 5j00:14:24
Je n'oublie pas de remercier;
Mes frères Thomas et Victor et ma mère pour leur accueil surprise sur les pontons à l’arrivée. Une incroyable surprise!
Pierre-Henri pour le suivi live de la course sur Twitter
Rosanna et Tasha pour leurs encouragements particulièrement convaincants
Rémi et Vincent, les deux anciens copropriétaires du bateau pour leur accompagnement dans le projet.
Tous les bénévoles du Winches Club de Douarnenez pour leur travail d’organisation.
Tous les ministes pour le super climat d’entraide qui règne sur les pontons et en mer.