Le weekend dernier j’ai eu la chance d’être invité sur un weekend d’entraînement organisé par le pôle Atlantique 650 de la Rochelle. Au programme : deux journées de navigation sur des petits parcours réduits pour s’entraîner aux manœuvres en solitaire.
La journée de samedi fut extrêmement encourageante. Seize Minis 6.50 étaient sortis en cette journée ensoleillée, animée d’un vent variable mollissant 15 à 5 nœuds. J’ai été très agréablement surpris des performances du bateau par rapport aux autres prototypes, surtout dans le petit temps. Ce fut une super session riche en enseignements, organisée par l’entraineur rochelais Jean Saucet.
Les conditions prévues pour la journée de dimanche étaient nettement plus rudes. J’ai donc embarqué comme équipière Nikki, qui est une ministe très expérimentée et qui navigue habituellement sur un autre prototype, le n°741. Après quelques bords de speed-test où nos bateaux atteignaient des vitesses de 15 nœuds, le vent est rapidement monté de 20/25 nœuds à presque 40 nœuds établis, avec rafales.
Naturellement la préservation du matériel a primé et nous avons mis entre parenthèses la session d’entraînement. Afin de soulager le gréement et pour rester manoeuvrants nous avons vidé les ballasts du bateau, mis la quille au centre, pris le troisième ris dans la Grand Voile (ce qui réduit sa surface utile à moins de la moitié de sa surface nominale) et affalé complètement la voile d’avant. Le bateau était relativement peu gîté et nous faisions alors des grands bords vent de travers en attendant que la marée monte pour pouvoir rentrer à la Rochelle.
Tout à coup nous avons entendu un « crac ». Nous avons vite compris qu’il s’agissait du mât, qui s’est brisé juste en dessous du niveau du pont. Par chance le mât est resté à peu près debout car la partie supérieure s’est enfoncée sur le morceau inférieur tout en restant dans l’étambrai (ouverture par laquelle le mât passe au travers le pont). Notre première réaction a été d’affaler immédiatement la Grand-Voile afin de soulager le mât et de l’assurer avec les drisses. La situation n’avait rien de confortable car le mât balançait toujours de plusieurs degrés et menaçait de tomber à chaque vague. Et pour ne rien arranger, nous dérivions rapidement vers la côte.
Nous avons ensuite joint à la radio un autre Mini de notre groupe d’entraînement, le Pogo 2 n°483, qui était à proximité. Il a proposé de se dérouter et de nous remorquer à la voile vers la Rochelle. Aucun de nous n’avait au préalable réalisé une telle manœuvre donc dans 40 nœuds de vent la réussite de l’opération n’avait rien d’évident. Arrivé sous GV trois ris et tourmentin il a exécuté la manœuvre parfaitement et du premier coup – un grand bravo à lui – et nous avons réussi à passer un bout de remorquage. Il est ensuite parvenu à nous amarrer à son bateau et à nous tracter vers la Rochelle.
Les vagues mettaient le mât à rude épreuve et malgré nos efforts pour le sécuriser j’avais relativement peu d’espoirs qu’il tienne debout jusqu’à notre arrivée au port. Nous avons donc décroché la bôme et la Grand Voile du mât et étions prêts à couper la remorque et le haubanage s’il venait à tomber, ce qui heureusement n’a pas été le cas.
Arrivés à proximité du port, nous avons été pris en remorque par Jean sur son zodiac qui nous a amenés jusqu’au ponton. L’intégralité des ministes qui étaient arrivés avant nous au port nous attendait pour nous aider à démâter le bateau ; une bonne occasion pour rappeler l’extraordinaire esprit d’entraide qui règne au sein de la Classe Mini.
Si, en Mini, le confort s’arrête là où le vent dépasse les 25/30 nœuds, ce sont des bateaux extrêmement marins qui sont taillés pour les navigations au large. Le mât n’aurait jamais dû casser dans les conditions rencontrées dimanche, encore moins au vu des précautions que nous avions prises. Il est donc important de comprendre exactement ce qu’il s’est passé. En inspectant de plus près le bateau j’ai vu que la cale qui retient le pied de mât dans le fond du bateau s’était cassée. Le mât a donc fait levier sur l’étambrai et s’est brisé à ce niveau là. Ce n’est donc pas un problème de mât comme je le redoutais. L’origine du problème est simple, et c’est tant mieux.
Grâce à l’aide de Nikki et de Seb du 660 j’ai pu apporter le mât chez Profil Composites qui est le chantier qui l’avait construit et qui par chance a déménagé à l’ile de Ré. Il va donc entrer en réparation et j’espère pouvoir retourner naviguer sur mon fier 630 vers le début du mois de novembre.
Je tiens à remercier
Tout le groupe des ministes rochelais pour leur aide lors du retour au port
… et en particulier Pierre et Benoît du n°483 pour nous avoir remorqués vers la Rochelle
Nikki pour son sang froid exemplaire à bord et son aide logistique le lendemain avec le mât
Jean Saucet pour son aide en mer et à terre
Cécile la Visserie pour son hébergement à bord de son bateau à la Rochelle
La Capitainerie du port de la Rochelle qui a mobilisé un bateau à moteur pour nous remorquer dont nous n’avons finalement pas eu besoin
Francis et Claudine Glade pour m’avoir proposé leur aide sur la Rochelle
Et enfin Toute la communauté Mini pour vos nombreux messages de soutien !