
Quelle course! 4 jours de régate au contact dans 0 à 25 nœuds de vent, une nuit à slalomer dans les cailloux à Ré et des bascules de vent et de courant à en perdre la raison.
Bilan super positif à l'arrivée : une troisième place - mon premier podium en solitaire! - et en prime un passage aux urgences à l'hôpital :)

Le podium Série : un grand bravo à Ambrogio (au milieu, 1er) et Valentin (à gauche, 2e) qui ont bataillé toute la course en tête : ils finissent à 21s d'écart l'un de l'autre!
Une course haletante J'ai rarement vécu une course aussi difficile à gérer en terme de rythme. Le beau temps nous infligeait deux transitions par jour entre le vent synoptique (lié aux anticyclones et dépressions) et le vent issu des effets de brise thermiques (différences de températures entre la mer et la terre). Conséquence: il faut constamment penser à se replacer en fonction du nouveau vent (ou l'idée qu'on s'en fait), tout en essayant d'avancer au plus vite vers le but, évidemment!

Passage de la Teignouse suite au parcours en baie Photo C.Breschi
A ce jeu fin je tire mon épingle du jeu sans briller : depuis le parcours en baie jusqu'à la chaussée de Sein et la pointe de Penmarch j'accuse un gros déficit de vitesse, notamment au vent arrière. Les torts sont certainement partagés entre le bateau, les voiles et le skipper, mais ce qui est sûr c'est que mon grand spi est très fatigué par rapport aux voiles neuves de mes concurrents direct - vous en conviendrez, cela n'aide pas!

En toute honnêteté, la descente vers l’île de Ré n'avait pas très bien commencé!
En arrière du peloton de tête le deuxième jour à Penmarch, j'arrive à profiter de la brise thermique denuit de Nord-Est, qui nous vient du travers, pour me recaler dans le peloton de tête sous gennaker pendant la nuit. Ouf ! Escapade à l'île de Ré En journée de jeudi, la flotte enroule le plateau deRochebonne et fait cap vers l'île de Ré. Nous sommes de nouveau sous grand spi et je perds denouveau du terrain sur le paquet de tête.

AVANT Relégué en arrière du paquet de tête à l'approche du pont de Ré, alors qu'Ambrogio et Valentin s'échappent vers la Trinité!
A l'approche de la Rochelle : le vent s'effondre et le courant adverse nous empêche de passer. Seuls les 2 bateaux de tête (Ambrogio et Valentin) arrivent à passer le pont - on ne les reverra plus jusqu'à La Trinité. Le reste des bateaux est bloqué si bien qu'une partie d'entre eux jettent l'ancre en attendant la renverse pour ne pas reculer - et aussi pour se reposer un peu car nous régatons alors déjà depuis 3 jours non-stop! Bien décidé à ne pas m'arrêter, d'autant plus que la renverse était proche et que j'avais bien préparé ma navigation, je me force à voir une opportunité là où beaucoup de concurrents désespèrent à la VHF! Je me rapproche au plus près de l'île de Ré pour faire route dans le courant plus faible.
La nuit est noire et silencieuse, j'entends tout près le son de l'eau sur la plage (et d'une alarme de voiture sur un parking). Je fais tantôt marche arrière, tantôt du sur-place. Au fur et a mesure que le courant se renverse je commence à faire des mètres vers l'avant. Les concurrents ayant mouillé plus loin de la côte eux soit dorment encore soit doivent continuer à attendre avant de mettre les voiles. J'arrive donc à faire l'intérieur à tous les autres bateaux et passe le pont en troisième position!

APRES Passage du pont exténué, mais en troisième position!
Peu après le pont nous sommes de nouveau sous spi. Je me fais un peu rattraper mais avec Kévin du 697 nous arrivons à nous échapper en prenant une risée à la côte devant Saint Gilles Croix de Vie. Sur toute la remontée vers la Trinité l'enjeu a été de continuer à avancer vite tout en marquant nos poursuivants (toujours se placer entre eux et l'arrivée) pour limiter les risques de se faire dépasser.

Devant les Sables d'Olonne avec Kevin, avec qui nous avons réussi à faire le break avec nos poursuivants
Sortie sur civière après le coup de sifflet final Pas facile la vie à bord d'un bateau qui fait un petit peu plus que trois fois sa taille. Plier une voile, manœuvrer, faire sa stratégie, "matosser" (équilibrer le bateau grâce à tous les poids mobiles, à faire avant chaque virement de bord), manger, se déplacer: en Mini, tout ou presque se fait à genoux! Au fur et à mesure de la course j'ai contracté un hygroma, la maladie des carreleurs et bonnes sœurs. Pour ne rien arranger, j'ai pris un gros coup sur le genou droit un peu avant l'île d'Yeu. Il a immédiatement doublé de volume et s'est mis à me causer des douleurs terribles! Pendant les dernières heures je ne pouvais plus manœuvrer ou me déplacer normalement - encore moins changer de voile, virer de bord, aller sur la plage avant ou enlever les algues dans les safrans! Le pire était de rentrer et sortir du bateau. Même au repos les douleurs me pinçaient. J'ai bien cru perdre la troisième place plusieurs fois! Imaginez mon soulagement à l'arrivée!


En route pour les urgences Merci à Victoire et Clarisse pour le rangement du bateau et aussi à mon frère Victor pour l'évacuation en brouette. Sans eux je ne sais pas vraiment comment j'aurais pu tout gérer!
Quatre jours après cela va déjà beaucoup mieux - j'ai encore mon attelle mais je marche désormais sans béquilles :)
Cap sur le phare du Fastnet Enseignements pour la prochaine course : genouillères à poste et nouveau grand spi pour aller plus vite au vent arrière!
Troisième et dernière échéance avant l'aller-retour en solitaire vers les Acores cet été, rendez-vous le 24 juin à Douarnenez pour un aller-retour de 600 milles nautiques vers le mythique rocher du Fastnet en Irlande. Je ferai équipe pour l'occasion avec Rémi Aubrun, maître voilier de talent et ministe extrêmement expérimenté: souvenez-vous, c'est à lui que j'ai acheté mon premier bateau, le 630. Encore une fois il va y avoir du sport et je compte bien apprendre pleins de choses!
A bientôt! Nicolas