
Clap de fin sur la Mini en Mai 2019. Une édition pas comme les autres : rappelez-vous qu’au lieu d’une seule course longue de 500 milles (4 jours) nous avons eu droit à deux parcours « sprint » de 125 milles (24h) puis 250 (36 heures). Douzième à l’issue du premier parcours suite notamment à un très mauvais départ, je finis neuvième au terme final. Déçu car je défendais mon podium de l’année dernière (3eme), je trouve que la concurrence est bien montée en puissance depuis, si bien que les premières places vont être très difficile à prendre cette année !
Crédit Photo Christophe Breschi
---- Premier acte raté

Le premier acte consistait en un parcours en baie de Quiberon (15 milles) ...

... suivi d'une boucle autour des iles du Morbihan : Groix, Belle-Ile, Houat et Hoedic
Malgré les conditions clémentes je n'arrive pas à prendre le départ que je souhaite et ne parvient pas à lancer mon bateau dans les dernières secondes avant le départ (l'histoire de ma vie en régate!). En milieu de ligne, je me fais rouler dessus (au sens figuré) par un grand nombre de concurrents lancés plus haut. Après quelques minutes de course je me retrouve bord-à-bord avec mon très bon copain Christophe Brière (755) qui à bord de son bateau d'ancienne génération est normalement bien moins véloce que moi. Afin de le doubler je me place entre lui et le vent pour le masquer. Toujours le mot pour rire, il me lance "Nico va-t'en, tu n'as rien à faire ici, toi, laisse donc les gens derrière tranquilles!". Alors que les premiers tournent déjà la première marque de parcours je suis environ quarantième... La catastrophe!

Dans le dernier tiers de flotte (environ 40eme) à l'approche de la première marque
Dès lors je fais tout mon possible pour rattraper mon retard. A la porte devant la Trinité qui clôt le parcours côtier, je suis vingtième et je double encore 4 bateaux avant la sortie de la baie de Quiberon. Dans le chenal de la Teignouse, quatre bateaux du peloton se sont fait surprendre par un trou d'air et ratent une bouée à cause du courant. Il s'agit de 4 concurrents directs et c'est donc quatre places de gagnées en plus d'un coup pour moi. Satisfaction mêlée à une certaine culpabilité : ils mettront 6 heures à repasser la bouée (renverse de courant oblige), leur course est gâchée et deux d'entre eux abandonneront : Ronan (918) et Julien (869). On ne les reverra pas avant notre arrivée où, aux commandes de semi-rigides, ils nous aideront à ranger les bateaux dans le port malgré la pluie et leur déception. Fair-play! En attendant ma course continue. Dans les petits airs et alors que la nuit tombe, j'arrive à Groix en douzième position! Ouf, me voilà aux portes du Top 10. Cependant je n'arrive pas à rattraper les tous premiers bateaux. Nous passons toute la nuit au près à longer les côtes sud de Groix, Belle-Ile et Hoedic. Un virement de bord tiré trop tard et un manque de vitesse dans une mer formée et du vent soutenu (15-18 noeuds) m'empêchent de combler davantage mon retard. Je vire la bouée Basse Capella, au sud-est d'Hoëdic, en douzième position - exactement à la même place que Groix, quelques 10 heures plus tôt! Ce n'est pas faute d'avoir tout donné, je ne me suis octroyé que 2 siestes de 8 minutes et passé le reste du temps à la barre ou à réguler l'assiette du bateau au chariot de Grand-Voile.

Coincé aux portes du Top 10 au sud de Belle Ile
Incertain quant à un re-départ de la course suite à la tempête annoncée le lendemain, je tente le tout pour le tout entre la bouée Basse Capella et la Trinité en tirant un bord à gauche pour tenter de rattraper Mathieu (947) et Kevin (697) et ce malgré une bascule annoncée à droite. Au final, je ne gagne ni perd aucune place, mais j'accumule quelques minutes de retard en temps par rapport à eux. Avec le recul c'est bien une erreur car nous repartirons finalement après la tempête au compte goutte en fonction de notre temps d'arrivée sur le premier acte. C'est donc du retard en plus sur l'ensemble des deux actes à rattraper! En bref, le résumé de ce premier acte : un départ bien pourri, une remontée aux portes du Top 10 mais des mauvais choix tactiques et un manque global de vitesse.

26 heures de course, 16 minutes de sommeil cumulé, 12e place à 1 heure du premier : à l'issue du premier acte, dire que le 905 et moi avions connu des jours meilleurs est un euphémisme
Deuxième acte de poney Nous laissons donc passer la tempête mercredi au port. Avec mon frère nous nous efforçons de reprendre des forces, sans oublier de visionner le dernier épisode de la série Game of Thrones sorti pendant la première étape. En cours de journée, Yves le Blevec, directeur de course, nous annonce le parcours de l'acte II

Parcours de l'acte II : La Trinité, Plateau de Rochebonne au large de la Rochelle, Archipel des Glénan, La Trinité
Le lendemain, le pire de la tempête est passé mais les conditions ne sont pas calmes pour autant : 25 noeuds de vent sont annoncés au départ avec des creux de 3 mètres prévus sur notre route. Le vent est supposé mollir temporairement en soirée avant l'arrivée d'une nouvelle dépression qui va nous cueillir en fin de course avec de nouveau des vents à 25-30 noeuds. Une raison de plus pour ne pas traîner en route! Je repars donc plus motivé que jamais pour ce deuxième acte engagé où il va falloir naviguer vite, tenir les grandes voiles malgré le vent sans beaucoup réfléchir (car "réfléchir, c'est ralentir"!). Vous ne me croirez pas mais cela me plait bien plus qu'un parcours technique en baie dans 10 noeuds de vent! Je veux à tout prix finir dans le Top 10! Jeudi à 12h30, exactement une heure après Ambrogio (943) je quitte donc le chenal de la Trinité. Nos bateaux filent à vive allure, le pont constamment couvert par les vagues qui se brisent sur le pont. Je fais le choix de sortir de la baie de Quiberon par le passage des Béniguets. Surprise, les photographes Jacques Vapillon et Christophe Breschi nous y attendent en embuscade!



Chaud devant ! Merci à Jacques Vapillon et Christophe Breschi pour les superbes photos au passage des Béniguets
Deux concurrents qui me précédaient au terme du premier acte, Michel (903) et mon copain Félix (916) ont dû renoncer à reprendre la mer. De plus je parviens logiquement à doubler Kevin (697) car son bateau d'ancienne génération est nettement moins performant que nos Pogo3, surtout dans les conditions ventées. D'entrée de jeu je suis donc neuvième! (Spoiler) Je vais mettre un terme au suspense immédiatement : pendant toute la course j'ai je n'arriverai pas à faire mieux que cela malgré tous mes efforts! Je fais un mauvais choix de voile sur la descente en mettant un gennaker trop grand qui "cale" le bateau. Je repasse petit gennaker dès que je m'en aperçois mais les deux manoeuvres m'ont coûté la petite avance que j'avais acquis sur Léo (966). Je fais demi-tour à Rochebonne avec Léo et David (928). Sur la remontée j'arrive à créer un décalage avec eux, mais je suis surpris par l'ampleur de la rotation annoncée à gauche. Je suis de nouveau bord à bord avec eux! Le vent forci et refuse de plus en plus. J'enchaîne les changements de voile et toute la garde robe du bateau y passe : du grand spi, je passe spi medium puis grand gennaker et enfin petit gennaker. Le bateau lui est constamment "sur les portières", cela tartine constamment à plus de 10 noeuds! A ce jeu je crée un léger break avec les 966 et 928. Je passe la bouée des Glénan en huitième position et recolle à moins de 2 milles de Matthieu (947)
Sur les talons du paquet de tête sous l'ile de Groix
Au sud de l'ile de Groix, en chemin vers La Trinité, le vent mollit et la tête de flotte tamponne dans une zone sans vent. C'est en fait le centre de la dépression qui nous passe dessus. Je recolle enfin au paquet de tête mais dès que le vent rentre, je rate complètement mon envoi de spi. En un temps record j'arrive successivement à chaluter (faire passer le spi sous le bateau), me couper le doigt en essayant de le libérer des safrans, casser mon winch central (qui sert à tendre les cordages) et perdre un sac à spi à l'eau. Malheur de malheur! Les premiers s'envolent de nouveau et Léo (966) me recolle aux fesses. Ce n'est décidément pas ma course! Enfin lancé vers la Trinité sous spi, je me rends compte que je n'ai en fait dormi qu'une trentaine de minutes (4 siestes effectuées après Rochebonne) ces dernières 36 heures et mangé uniquement quelques barres de chocolat, des Pom-Potes et des tranches de viande séchée. Peut-être me suis-je mis un peu trop mis dans le rouge? Après un passage express de la Teignouse à plus de 12 noeuds, dans un vent qui est de nouveau monté à plus de 25 noeuds, je passe finalement la ligne en neuvième position, moins de 30 minutes après le premier. Je suis très déçu mais au moins j'ai réussi à combler une partie de mon retard et je suis rentré au port avant l'arrivée du vent fort!
L'équipage du 905 à l'arrivée au ponton
Un niveau monté d'un cran En prenant un peu de recul, je m'aperçois que mes concurrents directs qui s'entraînent à temps plein (ou presque) sont bien plus rapides que l'année dernière. Le niveau est réellement monté d'un cran et je n'ai plus la longueur d'avance que je pouvais avoir par rapport à certains d'entre eux du fait de mon expérience préalable. Prendre un mauvais départ sur l'acte I ne m'a certainement pas aidé, mais sur cette course j'ai vraiment eu l'impression de payer mon manque d'entraînement. Quoi de plus logique quelque part : je ne puis donner que 2 jours par semaine à ce projet quand presque tous les premiers ne font que ça ! Tout ça pour dire que les premières places vont être très difficiles à accrocher cette année, encore plus que l'année dernière. Cela ne va pas m'empêcher de tout donner et continuer à progresser, le tout en prenant le maximum de plaisir car pour moi ce sont des vacances! Ma prochaine course sera le Mini Fastnet, course en double que j'affectionne tout particulièrement. Cela partira le 16 juin prochain. pour une boucle de 600 milles (4 jours) entre Douarnenez et le phare du Fastnet en Irlande. Quelques messages de services Pensées pour mon frère Thomas (819) qui, rongé par le mal de mer et la déshydratation, et malgré son super classement pendant le deuxième acte (22eme) a pris la bonne et difficile décision d’abandonner et de rentrer à la Trinité avant l’arrivée du très mauvais temps. C’est une décision qui paradoxalement est très courageuse car en mer et en solitaire tout peut dégénérer très vite quand cela commence à mal se passer – ce qu’on a tendance à oublier quand on est pris par la course ! Un énorme merci à Armand de Jacquelot (un grand champion!) qui m'a aidé à y voir plus clair sur la météo des deux actes et coaché sur la meilleure trajectoire à réaliser. Je ferai mieux la prochaine fois! Je pense aussi très fort aux 2 concurrents qui n'ont pas pu prendre le départ du deuxième acte : Michel Sastre (903) et Félix de Navacelle (916, mon coéquipier pendant la Plastimo Lorient Mini 6.50 en avril). Michel a eu un souci d’électronique juste avant de quitter le ponton. Félix, lui, est blessé au dos et n’a pas souhaité partir dans les conditions de mer et de vent annoncées musclées. Les plus cyniques d’entre vous noteront que son mal de dos ne l’a pas empêché de finir aux avant-postes de la première course : oui, c’est d’autant plus énervant ! Merci à Jean (570), Rhino (825) et Benjamin (902) pour leur accueil à l'arrivée malgré leur abandon ! Et enfin un grand, très grand merci aux bénévoles de la Société Nautique de la Trinité (SNT) pour leur accueil à l’arrivée. Sachez qu’en plus d’une tireuse à bière maintenue en état de marche jour et nuit, chaque concurrent a eu droit à un plat chaud et un lit pour dormir à l’arrivée. Du pur bonheur !
Le podium série de la course : Pierre (925, 3eme), Arnaud (910, vainqueur) et Amélie (944, 2eme) : bravo à eux !
Accueil royal à l'arrivée !
Classement provisoire avant Jury 64 concurrents 1 - 910 - PRO YACHTING - Arnaud Machado 2 - 944 - LA MINI D'AMELIE - Amélie Grassi 3 - 925 - ARTHUR LOYD - Pierre Le Roy 4 - 943 - GEOMAG - Ambrogio Beccaria 5 - 909 - DE LA BOUE SUR LES SABOTS - Sebastien Guého 6 - 947 - L'OCCITANE EN PROVENCE - Matthieu Vincent 7 - 966 - KELYFOS - Leo Debiesse 8 - 868 - ALTERNATIVE SAILING CONSTRUCTIONS DU BELON - Guillaume L'Hostis 9 - 905 - CHEMINANT - URSUIT - Nicolas d'Estais (...)