
Après 2 ans de préparation et presque 1 mois d'attente à la Rochelle, le comité de course nous a informé hier qu'il avait fixé la date de départ de la Mini Transat à 10h30 samedi (heure locale). D'un coup nous sommes donc à J-2 !
Conditions maniables au début, toniques sur la fin de course
C'est la troisième fois que le comité de course annonce une nouvelle date de départ mais cette fois il semblerait bien que la fenêtre soit bonne : Lorenzo (l'ouragan qui nous a cloué à la Rochelle la semaine dernière) est en train de mourir chez nos amis grands-bretons et l'anticyclone des Açores a repris ses droits, bloquant le passage de grosses dépressions de l'Atlantique Nord. Tous les voyants sont au vert.

Situation Générale prévue le jour du départ
En partant de La Rochelle il faudra faire un peu de près dans des conditions maniables puis traverser une dorsale anticyclonique (zone sans vent) pour atteindre le Cap Finistère. Le but sera de faire le tour de l'Anticyclone des Açores par l'Est et le Sud (et donc au portant) pour atteindre les Canaries.
Cela s'annonce trèèès très sport le long du Portugal avec 2 jours et demi de vents portants dans plus de 25 nœuds (force 6/7). Ce sont des conditions invivables ou presque en Pogo 3 (ce qui ne m'enchante guère) mais c'est souvent dans ces conditions là que je suis allé plus vite que mes concurrents. C'est encourageant! (Les mauvaises langues diront que je ne vais pas très souvent plus vite que mes concurrents, c'est aussi vrai!)

On devrait mettre un peu moins de 8 jours, j'espère que je serai arrivé à temps pour fêter mes 28 ans le 13 octobre ! En revanche, je voudrais qu'il y ait le moins de concurrents possible à mon arrivée au ponton ;)
D'ici le départ je vais travailler presque exclusivement la forme physique, le sommeil et l'analyse météo. Je serai aidé dans cette dernière par Benoît Mariette, ancien ministe (il avait fait 3eme en 2011 et gagné la première étape), passé depuis sur le circuit figaro et très pointu en météo.
Remonté et motivé comme jamais
Vous l'avez déjà vu mais j'ai ressorti le "Pense pas si bête" que m'avait préparé mon ami Tanguy (toujours le même, je parle beaucoup de lui mais je suis son poulain!) pour l'étape retour des Açores l'été dernier qui s'était aussi jouée dans du vent fort au portant. Je retiens avant tout une seule ligne, je vous laisse deviner laquelle!

Dans le cadre de l'association Lorient Grand Large, nous avons eu droit à une formation animée par Guénolé Gahinet, ancien vainqueur de la Mini Transat. Il naviguera en double avec François Gabart à la fin du mois autour de l'Atlantique sur un trimaran géant de 30 mètres : c'est une véritable star ! J'ai donc soigneusement noté ses 9 commandements pour briller sur la Mini Transat - c'est plastifié et collé dans mon cockpit.

Vous avez dit "déformation professionnelle"?
Vous allez penser que je vais souvent m'inspirer des méthodes des autres. Je vous réponds que peut-être il y aura un jour une liste des "commandements de Nicolas d'Estais pour briller sur la Mini Transat" et peut être un jour j'aurai un poulain sur le circuit mini à conseiller avant les courses, mais en attendant de me faire un nom je prends les compétences où elles sont !
Comptez sur moi, je vais absolument tout mais alors tout donner. Il n'y a que comme ça qu'on évite les regrets à l'arrivée!

Toujours à l'attaque !
Quand ça sera dur, ça pour tout le monde et c'est celui qui barrera le plus longtemps et qui dormira le moins qui arrivera devant les autres.Entre 2 siestes de 20 minutes (jamais plus) il faudra systématiquement sortir dehors pour ajuster le réglage des voiles et vérifier qu'il n'y a pas d'algues dans les safrans. Lorsqu'on hésite entre deux voiles il faudra toujours et comme d'habitude choisir la plus grande : si la petite s'avère vraiment être trop petite on n'aura pas toujours la force de mettre la plus grande - et si la grande est trop grande et bien on mettra la petite, si vraiment il le faut. "Sois l'esclave de ton bateau" : c'était la devise d'un certain Erwan Tymen (également ancien vainqueur de la Mini) et c'est aussi écrit dans mon cockpit.
Accepter les aléas d'un sport mécanique
Depuis 2 ans j'ai fait 7 courses en Mini, avec 6 résultats dans le Top 10 dont 3 podiums. Je ne me suis fait largué ni par mon travail (qui est, disons-le, exigeant) et ni par ma copine (qui est, selon mes collègues, un "diamant") malgré la quasi-totalité de mes nombreux congés et weekends passés à bricoler et m'entraîner à Lorient. Etre au départ de ma deuxième Mini Transat dans ces conditions est déjà une réussite!

(Photo Anne Beaugé)
En revanche, il faut garder en tête que dès samedi tout peut s'arrêter très brutalement : je peux être victime ou coupable d'une collision au départ (les deux me sont déjà arrivés), je peux casser mon mât, être en panne d'électronique et me retrouver sans instruments ou pilote automatique ou bien encore déchirer une voile. Je peux avoir une voie d'eau dans le bateau en tapant une baleine, un container, un tronc d'arbre ou bien même un pêcheur portugais - cela arrive, vraiment!

Se préparer au pire : voici une des pages de mon "roadbook" avec en blanc les ports de replis si besoin.
Certaines de ces avaries peuvent être réparés en mer et font partie de la course, d'autres entraînent nécessairement l'abandon, cela fait aussi partie du jeu. Je pars pour les Canaries mais je terminerai peut être à la Corogne, Vigo, Lisbonne, Agadir ou Essaouira. J'ai une préférence tout de même pour le Portugal : je ne suis jamais allé et ça sera plus facile de ramener le bateau à Lorient!
Bref, à partir de samedi il faut considérer que c'est que du bonus...

C'est (bientôt) partiii ! (Photo Christophe Breschi)
Merci à vous
Vous êtes ce qu'il y a de plus précieux dans ce projet : merci à vous tous famille, amis, collègues (anciens et actuels) et même clients pour certains d'entre vous. Il y a aussi des gens que je ne connais pas 🤷♂️, j'espère un jour vous croiser sur un ponton ou dans le métro!
C'est super de vous avoir à mes côtés, merci pour tous les messages d'encouragement avant, pendant et après les courses.
Rappel : lien de la cartographie
Voici le lien de la cartographie qui vous permettra de nous suivre en mer : http://minitransat.geovoile.com/2019/tracker/
Elle sera mise à jour toutes les 4 heures, uniquement entre 06h00 et 22h00 et ce afin de préserver le sommeil des followers les plus attentifs.
Revue de presse - si vous avez le temps ...
... Je vous mets 2 liens :
1️ Une vidéo de Stan Thuret (ancien ministe du 742 qu'on salue également) qui nous lit un texte qu'il a écrit en mer, sur des images tournées pendant sa mini. C'est un véritable poète qui est assistant-réalisateur dans la "vraie vie" : ça vaut le détour! Cela dure 6 minutes. Cliquez ICI pour y accéder.
2️ Un podcast réalisé par un journaliste belge qui a embarqué à bord d'un mini (celui de Marie-Amélie du 833, qu'on salue) pendant une course en double. L'ambiance à bord, le bruit du réveil, la course, les discussions entre concurrents : tout y est, c'est surprenant tellement on s'y croirait! Cela dure 14 minutes. Cliquez ICI pour y accéder PS1 : on y entend à un moment le bateau de mon frère Thomas, le 819 "Go4it"! PS2 : on y entend aussi un certain Stan Thuret (voir lien 1️ ), le monde est petit!
... et si vous avez vraiment le temps, voici 3 articles où on parle de moi (!)
(Le Télégramme) Mini-Transat. Protos - Série : qui va gagner ?
(Tip and Shaft) Qui va gagner la Mini-Transat ?
A très bientôt, la prochaine fois que je vous écrit ça sera des Canaries! (j'espère...)
Nicolas

Bonus : la photo des 2 frangins d'Estais au taquet avant le départ ! (Photo Christophe Breschi)