
La dernière fois que je vous ai écrit c'était il y a un mois et demi aux Canaries alors que j'allais prendre le départ de la deuxième étape. Il s'en est passé des choses depuis ! Et on ne va pas se mentir, les événements nous ont été plutôt favorables...
Cela fait déjà un mois que j'ai touché terre (je n'attends pas plus longtemps pour vous présenter mes excuses pour le retard avec lequel je vous écris) et vous le savez donc tous déjà mais je vais le répéter quand même : J'AI FINI DEUXIÈME DE LA MINI TRANSAT !
Pouvais-je rêver mieux ? Devant moi il n'y a que l'intouchable Ambrogio Beccaria (943) que je félicite très humblement. C'était lui aussi sa deuxième Mini et il s'est entraîné pendant 2 ans pour la gagner. Il a remporté les 2 étapes haut la main après avoir survolé le circuit pendant 2 ans. Personne ne mérite cette victoire plus que lui. Il arrive 1 jour devant moi au temps cumulé des 2 étapes. Pour le battre il aurait fallu s'associer avec une baleine complice pour le percuter ou malencontreusement déposer un container sur sa route. Cela aurait été du hold-up et je préfère rester sur la deuxième marche du podium et pouvoir me dire que je suis à ma place. Bravo à toi Ambrogio !
Que ressent-on après un podium sur la Mini Transat ? En fait on donne tellement TOUT pour ces projets nautiques (argent, temps et autres sacrifices) que lorsque cela "marche" comme ici, ce sont des moments d'une rare force dans la vie d'un marin et de ceux qui l'accompagnent. Alors beaucoup de de soulagement, de satisfaction et oui, avouons-le, un peu de fierté aussi...

Sur la troisième marche du podium on retrouve Benjamin (à gauche). Il nous a fait une course d'anthologie, j'ai eu beaucoup de mal à le doubler. L'expérience fait souvent la différence sur la Mini. Benjamin (Ferré, 902) est le seul bizuth à avoir réussi à faire podium (proto et série confondus). Bravo Pépin !
Sans plus attendre : voici le Film
Je suis arrivé en Martinique avec 110GB de vidéos. Trois raisons à cela : (i) j'avais à cœur de partager avec vous cette aventure au travers d'un petit film (ii) il s'est passé beaucoup de choses et (iii) parler à sa caméra est le seul moyen pour un solitaire d'extérioriser son ressenti et cela est très important pour ne pas devenir fou !
Tout ne rentrait pas dans un film de 20 minutes - et tout ne doit pas forcément être montré. Je ne parle pas ici de mes fesses ou des boutons dans mon dos : non, je préfère garder certains souvenirs pour moi. Ne vous sentez pas lésés, ce sont souvent les moins bons, mais pas toujours. La Mini est la dernière course au large "déconnectée" du monde et il convient de lui laisser sa part de mystère...
Dans l'une de ces séquences non retenues (que moi seul ai vues et ne verrai jamais) je disais que j'étais profondément heureux d'être là où j'étais, seul au milieu de l'Atlantique, que mon souhait le plus profond était d'arriver de l'autre côté avec "si ce n'est un bon classement, une belle histoire à vous raconter". J'ai eu mon bon classement, à vous maintenant de décider si l'histoire est belle ! Vous pouvez visionner mon film de 18 minutes en cliquant ICI ou bien en cliquant sur l'image ci-après.
Vous pouvez aussi continuer à lire. La vidéo vous montrera les magnifiques couchers de soleil, les dauphins, ce que je mange, comment je dors, quand je ris, quand je pleure, les infos que nous recevons pendant la vacation et ma stratégie de course. C'est vraiment comme si vous y étiez, mais au sec et ça dure moins longtemps. Ce que je vais écrire ci-dessous contient justement tout ce qui est difficile de montrer dans un film et que je voulais vous écrire.
En revanche, attention, c'est plus long que d'habitude. Si vous n'avez pas le temps lisez en plusieurs fois, ou bien faites comme pour les slides de consultants : ne lisez que ce qui est en gras et ça ira beaucoup plus vite.
Deux semaines de traversée plus un mois à terre : j'ai eu le temps de réfléchir à ce que j'allais vous raconter dans cette dernière newsletter !
0. Bravo Thomas, tu peux être fier de toi
Avant toute chose je veux féliciter mon frère. Il l'a fait lui aussi ! Il termine même dans la première moitié du classement en 28e position, dans les premiers bateaux d'ancienne génération. C'est une super performance ! Quelle fierté de voir son frère à l'arrivée en Martinique 4 ans après lui avoir transmis le virus à l'arrivée en Guadeloupe !


La formidable équipe de Sea Events a réalisé une vidéo pour chacune de nos arrivées. Retrouvez celle de Thomas en cliquant ICI ou bien sur la vidéo ci-dessous. Je dois quand même à vous prévenir, j'étais en état de légère ébriété au moment des faits !
1. Il faut absolument changer le nom de cette course
J'enchaîne avec une mise au point nécessaire : jamais une course n'a si mal porté son nom ! J'en profite pour remercier Michelle qui m'a ouvert les yeux là-dessus à l'arrivée alors que je dégustais le steak frites de la délivrance.
Traverser l'Atlantique en bateau à voile, cela se fait. Pas tous les jours certes, mais trouvez 2 amis qui ont soif d'aventure, louez les services d'un skipper sympa expérimenté et cela se fait ensuite relativement bien.
En course c'est autre chose car il faut avancer vite. Cela rajoute du stress : il faut porter des grandes voiles, en permanence les ajuster et choisir la bonne trajectoire. Cela fait prendre des risques et on est plus susceptible de casser le matériel. En revanche, devoir tenir un boulon dehors pendant qu'on le serre à l'intérieur ne pose pas de problème quand on est plusieurs à bord.
Régater à travers l'Atlantique en solitaire, cela n'a rien à voir. Il y a une course pour ça et vous la connaissez tous : la Route du Rhum. Pour la faire (je ne parle pas de la gagner) il suffit d'avoir un bateau de plus de 11m (les bateaux plus petits ne sont pas admis), de payer les frais d'inscription (6k€ HT en catégorie "Rhum", ouverte à tous) et d'aller faire 1200 milles en mer sur le parcours de votre choix. Vous êtes ensuite jugés aptes à partir. Bon courage pour le "dé-Manchage" de Saint Malo au Cap Finisterre en novembre, mais le reste se fait relativement bien si votre objectif est uniquement d'arriver au bout, sans vouloir gagner encore une fois.
Faire la même chose sur un "Mini" bateau c'est un "Maxi" défi encore plus compliqué qui rajoute au moins 2 niveaux de complexité. Le premier, assez basique, c'est que si les bateaux sont 2 à 3 fois plus petits, les vagues sont toujours aussi hautes. Mais demandez l'avis à tous les finishers de la "Mini" : ce n'est ça le plus compliqué à gérer. Le plus dur, c'est l'absence de connexion avec le monde extérieur. C'est cela qui rend la Mini si spéciale et difficile. A l'inverse de toutes les autres courses, lorsque nous avons un problème nous n'avons pas d'assistance extérieure. Aucune. Pas d'"appel à un ami" avec le téléphone satellite (qui est interdit en Mini et obligatoire sur le Rhum), pas de Google pour retrouver le manuel d'utilisateur de l'appareil défectueux ni de YouTube pour trouver un tutoriel qui nous expliquerait comment re-stratifier un bout de coque arraché. Nous sommes seuls à bord, seuls à pouvoir trouver la solution et seuls à pouvoir réparer. Se rajoute à cela la précarité des informations reçues pendant la course. Impossible de savoir où sont les autres concurrents. Pas facile de savoir si le vent fort va encore monter ou bien combien de temps vont durer les calmes dans lesquels vous êtes coincés...
Et là on parle toujours juste d'arriver, pas de faire podium ou la gagner. Tous les ministes à l'arrivée peuvent être fiers de boucler l'une des courses les plus dures. Ceux qui arrivent derrière passent plus de temps en mer que les premiers (parfois une semaine de plus !) et je rajouterais que quelque part ils ont plus de mérite. Jamais je n'aurais tenu une semaine de plus à bord !
Bref, vous l'aurez compris la "Mini" Transat ... n'a rien de "Mini" !



Non, ce n'est pas ma tête à l'arrivée mais celle du doyen de la course, Georges Kick (527), 65 ans et médecin anesthésiste à l'hôpital de Moissac. Il a eu l'idée brillante d'arriver pile pendant la soirée de clôture, après 22 jours passés en mer. Ce fût un moment très fort pour toute la colonie de ministes qui s'est précipitée à l'eau, comme à chaque arrivée.
2. La Mini se joue en partie sur la capacité à se faire mal physiquement...
Au départ il fallait choisir son camp pour les premiers jours de course. Deux familles d'option : faire plutôt la route directe en partant vers l'Ouest et bénéficier d'un meilleur angle de vent ou bien faire plus de Sud pour aller chercher un vent fort, quitte à faire de la route en plus.

Fait suffisamment rare pour être relevé : j'ai pris un départ de l'espace en partant avec la bonne voile (spi médium / 1 ris GV) et en exploitant au mieux l'accélération (x2) et la déviation du vent autour de Gran Canaria. Trois heures après le départ lorsque je regarde l'AIS je vois que mon premier poursuivant est ... François Jambou (sur le proto le plus rapide !) qui est 6 milles derrière moi. Bon, le soir même j'avais déjà perdu tout cet avantage en ne me recalant pas dans l'ouest au bon moment...
Sur conseil de mon routeur Ben Mariette je suis parti sur l'option Sud car une bulle orageuse sans vent allait balayer le nord de la flotte selon une trajectoire aléatoire. Cela vous a fait un peu peur à la cartographie, mais l'option Sud était en fait la plus conservatrice ! Je ne regrette rien car certains concurrents se sont faits piéger au Nord, mais j'aurais peut-être pu être moins extrême dans mon choix. La meilleure décision était celle d'Ambrogio et de Benjamin qui ont fait Sud sans faire trop Sud. Après 3 jours et demi de course ils sont 70 et 50 milles devant moi.
Le prix à payer pour être sûr d'avoir tout le temps du vent, et bien c'est d'avoir du vent tout le temps, sans aucun répit. Les premiers jours ont vraiment été sauvages.
C'est dans le vent fort que les écarts se créent, et je savais qu'une partie de la course se jouait là. Il fallait jouer au jeu classique d'"allumer, mais de façon raisonnable" comme dit mon ami Axel Tréhin (945, qui terminera lui aussi 2e au général !). A vrai dire je n'ai pas été très raisonnable... J'ai même lâché tous les chevaux : le troisième jour je bats le record des 24 heures en bateau de série en parcourant 290 milles en 24h, c'est 11 milles de plus que le précédent record ! Aucun proto ne fera mieux sur la course. Cela fait 12 nds de moyenne sur 24 heures, presque inconcevable sur un bateau de seulement 6.50m.

Juste après ma barre à 290 milles, Florian Quenot sur son Maxi 946 passe la barre des 291 milles et bat à son tour le record, mais à quel prix... L'avant de son bateau s'est délaminé et cela a ouvert une voie d'eau. Il a dû fortement réduire la toile sur le reste de la course et surtout éponger en permanence. Il semblerait que j'aie mis le curseur au bon endroit !
Sur les premiers jours le bateau marchait à plus de 12 nds presque tout le temps, régulièrement à 14nds et parfois jusqu'à 16nds (avec une pointe de vitesse à 19nds) mais plantait dans les vagues en fin de surf, souvent en dessous des 10 nds. C'est l'impact dans la vague après le surf qui nous empêche de dépasser les 12 nds de moyenne. Il faut parfois ralentir car si cet impact est trop violent le bateau peut faire une sortie de route en se couchant en travers de la piste. Lorsqu'on fait la sieste cela l'interrompt. Il faut alors sortir du bateau qui est couché à 90° et le remettre dans le droit chemin. On y laisse beaucoup d'énergie, surtout du temps et parfois du matériel !
A ces vitesses la vie à bord est compliquée et très éprouvante physiquement. Dehors, le pont est en permanence sous l'eau, il faut énormément barrer et très peu dormir (moins de 3 heures par jour). A l'intérieur c'est un tambour de machine à laver et quel vacarme cela fait ! Dans un planté de vague je manque de m’assommer contre une varangue - on le voit dans la vidéo - je frôle l'accident. Manger autre chose que des barres de céréales, du chocolat et des fruits secs est compliqué : je n'ai pu faire mon premier plat chaud qu'au niveau du Cap Vert, quatre jours après le départ.
On tire beaucoup sur nos bateaux mais aussi sur nos organismes. Il faut en prendre soin ! J'ai fait l'erreur de débutant de ne pas mettre ma combinaison étanche Ursuit tout de suite (pour ma défense il faisait 25-30 degrés avant le départ, puis tout est allé très vite !) si bien que j'étais trempé quand j'ai enfilé mes cirés le premier après-midi et je n'ai jamais séché dessous. Lorsque le soleil se lève trois jours après le départ et commence à me chauffer le dos, je ressens d'un coup un picotement insupportable dans le dos. Je mets aussitôt le pilote pour lâcher la barre, enlève mon gilet de sauvetage et me déshabille complètement. C'est comme si on me piquait le dos avec des pointes de compas. J'attrape ma caméra et me filme le dos (car rappelons-le il n'y a pas de salle de bains avec miroir à bord...).

Au risque de choquer, voici l'état de mon dos au 4e jour de course.
Je comprends que mon dos est tacheté de petits boutons-cratères. Aie Aie Aie. Normalement cela n'arrive qu'au bout d'au moins une semaine. Comment vais-je tenir jusqu'au bout comme cela ?? Cela me démange affreusement. M'occuper de mon dos devient une priorité au même titre que la marche du bateau. Car pas question de relâcher la manette des gaz à cause de ça, il faut continuer à être à fond sinon je vais me faire distancer ! Car sur cette course il fallait être à fond et à fond tout le temps. "Poignée dans l'angle" comme on dit !
3. La Mini se joue aussi sur sa capacité à aller chercher les ressources mentales au plus profond de soi et garder un moral "stable"
Oui, il faut se faire mal pour aller vite en mini. Et lorsque cela fait très mal, cela finit par se jouer au mental, comme tout sport à haut niveau.
Dans les Alizés, le vent oscille en permanence de 10 à 15 degrés. Sur conseil du "power couple" Tanrisse Crémer-Le-Turquais, ministes émérites, à partir du quatrième jour j'étais en permanence en mode "bord rapprochant". Cela veut dire que si le cap sur l'autre bord était plus proche de la Martinique que le bord où j'étais, j'empannais immédiatement. Précisément, je m'autorisais 5° de marge pendant 10 minutes ou 10° pendant 5 minutes, montre en main. Passé ce délai, si le vent n'était pas revenu, je lançais immédiatement la procédure d'empannage. C'était ma règle jour et nuit et je m'y suis tenu pendant 10 jours. A la fin c'était systématique (au sens littéral du terme) et je m'exécutais sans discuter avec moi-même. Au milieu de mon bateau était écrit en très grand "Sois l'esclave de ton bateau". En fait j'étais aussi l'esclave du vent. Je n'ai jamais décidé quand empanner, c'est le vent qui me dictait ma trajectoire ! Il m'est arrivé de faire jusqu'à 20 empannages par jour.
A chaque empannage il faut transporter tout le matériel d'un coin du bateau à l'autre - cela représente jusqu'à 200kg en comptant toute l'eau embarquée.... Ce n'est pas neutre en effort ! Trouver la force d'empanner 4 fois dans la nuit : c'est là-dessus que se joue une Mini. Pendant la course, lorsque j'avais décidé d'empanner, je le criais très fort dans le bateau "Allezzz on empaaaaanne" pour être sûr de ne pas changer d'avis. Bizarrement je ne trouvais pas ça étrange sur le coup, mais avec le recul, oui, un peu !

Enlevez la trottinette électrique, ajoutez 90L d'eau et 20kg de nourriture et voici tout le matériel qu'il faut déplacer à chaque empannage. Heureusement, tout est empaqueté dans des sacs et bidons compacts qui permettent de jouer à Tétris (en 3D) très efficacement. Merci à Benjamin & Lou-Kevin Roquais pour la photo :) J'avais par ailleurs fait et affiché dans ma cabine la liste de tout le matériel à bord pour savoir ce que j'avais pour réparer au cas où. Si cela vous intéresse, c'est par ici.
Du moral, il en faut pour tenir la cadence physique, mais aussi pour se maintenir dans un état d'esprit positif, tout le temps. Objectif "moral stable" vous diront tous les poulains de Tanguy Leglatin dont je fais partie.
Cela consiste à s'efforcer de ne pas trop s'exciter quand ça va bien, et de garder la tête haute dans les moments difficiles, sans craquer. Cela sert à ne jamais sortir de sa course - et j’excelle à ce jeu! De nombreuses personnes m'ont dit, après avoir regardé le film, que je n'avais pas l'air d'avoir beaucoup d'émotions. C'est vrai qu'en regardant à nouveau le film je me suis rendu compte que quand je dis "je suis au fond du trou" et "je suis content d'être là" j'ai presque la même tête !
Même dans les pires moments je n'ai jamais crié d'énervement sur mon bateau, je ne l'ai jamais frappé avec une manivelle de winch (une classique chez d'autres) ou pleuré de découragement. Jamais - pas sur cette course ni sur une autre, même pas à l'époque du 630. Avoir naturellement un "moral stable" aide beaucoup au large et cela m'a assurément servi sur cette course !
4. La voile est un sport matériel avec une part d'aléatoire
Je le dis à un moment dans la vidéo : la gestion de la casse matérielle fait vraiment partie du jeu. On fait tout avant le départ pour minimiser les risques, mais personne n'est jamais à l'abri. La casse ne touche pas tout le monde équitablement, il faut accepter cette part d'aléatoire et gérer les pépins techniques qui s'abattent sur nous les uns après les autres comme si c'était le premier - en moyenne 1 par jour.
Quatre de mes concurrents en particulier ont eu moins de chance que les autres et je pense qu'ils méritent qu'on s'attarde sur leur cas.

Quelques minutes seulement après le départ, Amélie Grassi (944, 5e de la première étape) nous apprend à la VHF qu'elle a cassé la pièce de rotation du bout dehors. Cela l'empêche de porter un spi, compliqué de traverser dans ces conditions... Elle fait aussitôt demi-tour vers Gran Canaria. Par chance, Hendrick (920) qui a dû renoncer à prendre le départ navigue aussi en Pogo3 et lui donne sa pièce. Elle repart 12 heures après nous, bonne dernière. Ayant à coeur de mener le projet au bout de la plus belle des manières, elle entame une fantastique remontée qui lui permettra de terminer à la 8eme place au général. Bravo Amélie !

A l'arrivée j'apprendrai les problèmes de pilote rencontrés par Mathieu Vincent (947, 3e de la première étape). Quelques heures après le départ il a été contraint de passer sous pilote de secours. Comme le vent soufflait fort dans le Sud, il a dû choisir une route Ouest moins ventée ce qui l'a desservi. Il a ensuite pu réparer et repasser en pilote principal pour le reste de la course. Il accroche la 6eme place au général. Bravo à lui !

Mais c'est Lauris Noslier (893, 6e de la première étape) qui m'a le plus impressionné. Le troisième jour je suis en contact avec lui à la radio. J'avais l'impression d'être allé super vite les deux premiers jours, si bien que je suis presque vexé de ne pas être plus loin devant lui. Il m'explique qu'il a cassé la même pièce qu'Amélie mais qu'il a réussi à bricoler quelque chose qui tient à peu près. Il me dit aussi qu'il n'a plus d'aérien et qu'il a cassé une partie du chariot de sa grand-voile. Ah oui, il s'est aussi retrouvé coincé en haut du mât quand il est monté pour essayer de réparer son aérien, et je crois que j'en oublie. Je n'en crois pas mes oreilles! Et il est là à côté de moi?? En plus de ça, il tiendra bon pendant la plupart de la course jusqu'à ce qu'il perde son grand spi à l'eau. Ce fut sa seule erreur de la course, il a géré tout le reste comme un chef et cela force l'admiration. Il arrivera finalement en 10e position au général. Quelle belle gestion des pépins technique! Bravo Lauris.

L'aléatoire ne joue pas que sur les bateaux. Pour nous skippers aussi il y des jours avec et des jours sans. Je pense à mon ami et grand champion Félix de Navacelle (916, 2e de la première étape) qui est, je le pense très sincèrement, meilleur que moi. Il m'a régulièrement battu sur les courses du circuit, notamment sur les Sables-les-Acores l'année dernière où il avait fini 2eme. Sur cette deuxième étape il n'a pas réussi à être au meilleur de lui-même et à trouver le bon rythme à bord. Sa radio n'a presque jamais fonctionné ce qui fit qu'il ne captait personne à l'AIS et à la radio - cela n'aide pas à se motiver. Il finit malgré cela à une super 4e place dont il peut être très fier.
5. Ma Mini est avant tout un succès collectif !

Et oui, nous étions 3 à bord !
Je suis peut être seul à bord (avec mes 2 lapins) mais c'est tout sauf un succès individuel ! Je veux remercier du fond du cœur tous ceux sans qui je n'aurais jamais pu réaliser une si belle course.
En tout premier lieu Victoire : on est ensemble dans ce projet depuis le début et jusqu'au cou ! C'est elle qui vous a tenus au courant pendant la course. Merci aussi à mes frères Thomas et Victor ainsi qu'Ellen. Merci aussi à mes parents. Tous me "supportent" (dans tous les sens du terme) dans ce projet depuis 2 ans.
Merci aussi à mon entraîneur Tanguy Leglatin, la référence absolue en coaching course au large, avec qui je travaille depuis 2014 avec beaucoup de plaisir. Je me souviendrai longtemps de notre premier entrainement ensemble pendant lequel ses premiers mots à peine sortis du port ont été "Bon Nico, en fait tu sais pas du tout barrer au près, on va tout reprendre à 0". Que de chemin parcouru depuis !
Je pense aussi à tous ceux qui m'ont "façonné" depuis mes débuts en mini et dont je vous ai déjà parlé pour la plupart : Tanguy&Clarisse, Armand de Jacquelot, Edouard Golbery, Olivier Taillard, Victor Turpin, Clément Bouyssou, Axel Tréhin, Erwan Le Draoulec, Félix de Navacelle mais aussi Isabelle Joschke, Yves Le Blévec, Rémi Aubrun, Conrad Colman et plus récemment Sam Goodchild. Le jeune padawan que je suis est très fier de porter en lui un peu de chacun d'entre vous.
Mes collègues de McKinsey qui grâce à leur flexibilité me permettent d'exercer ma passion en marge d'une vie professionnelle déjà intense! Alors que je pensais faire ma course dans mon coin, le projet a généré énormément d'intérêt au bureau, cela fait chaud au coeur !
Et last but not least : VOUS qui lisez ces lignes ! Merci pour tous vos messages d'encouragement reçus avant, pendant et après la course. Savoir que je suis suivi par autant de monde m'a procuré beaucoup de force en mer et parfois même un peu plus de pression :) Etre suivi par autant de monde ne laisse aucun autre choix que de tout donner...
6. Et maintenant on fait quoi ?
Que c'est dur le retour au travail et à la vie normale après une telle aventure !
A toutes les personnes qui me demandent quels sont mes futurs projets : pour l'instant j'ai pour seul projet celui d'atterrir, transmettre le bateau à son futur propriétaire, de regagner un peu d'argent et de repasser du temps avec Victoire et mes amis à Paris et ailleurs. C'est tout !
J'aurai sûrement d'autres projets nautiques, car ce serait dommage de s'arrêter en si bon chemin, n'est-ce-pas ? Une seule chose est sûre en tous cas : le Mini, c'est fini! Plus jamais je ne m'inscrirai à cette course de dégénérés. Ce sera donc forcément sur des bateaux plus grands en solitaire ou en double. Je vous tiendrai évidemment informés le moment venu :)
En revanche, si je veux naviguer sur des bateaux plus gros je ne pourrai pas les financer seul comme en Mini. Il va donc falloir que je construise ces futurs projets pour que des partenaires y trouvent leur intérêt et que je me lance dans la recherche de sponsors.
Je vais donc avoir besoin de vous ! Si vous connaissez quelqu'un qui connait quelqu'un que cela pourrait intéresser, n'hésitez pas à vous manifester dans les prochains mois...
7. Encore merci et bonnes fêtes !
Merci à ceux qui ont lu jusqu'ici - c'était bien plus long que d'habitude. A vous je vous souhaite de trouver les projets qui vous font vibrer et de les poursuivre jusqu'au bout ! Il n'y a rien de plus beau dans la vie - parole de jeune homme de 28 ans.
Très très belles fêtes à vous, à très vite !
Nicolas
Bonus : Revue de Presse
Merci à Ouest France et Guillaume Nedelec pour le super article / interview à chaud paru peu après mon arrivée. C'est à relire en cliquant ici
Classement Général (cumul des 2 étapes)
1) 943 Ambrogio Beccaria en 21j22h 2) 905 Nicolas d'Estais en 22j20h 3) 902 Benjamin Ferré en 23j10h 4) 916 Félix de Navacelle en 23j12h 5) 925 Pierre Le Roy en 23j18h

Que de soulagement ! Merci de m'avoir suivi pendant ce projet un peu fou et à bientôt pour les prochains ;)